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Virginie PIATTI

Née en 1976 en région parisienne, je passe mon enfance à inventer des histoires et à les illustrer dans de petits cahiers … Quelques bols de soupe plus tard, j’étudie la littérature et les civilisations étrangères à la Fac, je suis des cours de dessin et de peinture à l’Académie d’Art Paris-Italie, puis je travaille comme productrice dans la Publicité parce qu’inventer des histoires, ça ne peut pas être un métier quand même …

En devenant maman, je redécouvre avec gourmandise les livres pour enfants et j’entends dire que des gens se cachent derrière. Une rumeur court … folle et douce …

Rattrapée par ce besoin de raconter, je reprends alors mes crayons pour le plaisir de créer, moi aussi, des livres qui font joliment grandir.

Entretien avec Virginie PIATTI, août 2015

Tu écris beaucoup de contes, pourquoi revisiter celui du Petit Chaperon Rouge ?

J’ai toujours beaucoup aimé les contes classiques. J’ai été élevée avec eux. Ce sont des histoires que l’on me racontait, enfant. Celui du Petit Chaperon rouge m’inspire. J’en aime ses couleurs très contrastées et son côté grinçant... Mais j’avais envie d’en faire un conte moderne et actuel, un peu décalé et surtout qu’il n’y ait pas un personnage qui prenne le dessus sur l’autre. Finalement, cette petite fille en rouge pourrait être n’importe quelle petite fille et ce loup, n’importe quel loup. Mais le clin d’œil est bel et bien là. On retrouve d’ailleurs les mêmes protagonistes que dans le célèbre conte : La grand-mère, la petite fille, le loup, le chasseur/ grand-père... Et les illustrations rafraîchissantes et pleines d’humour de Julien Billaudeau y apportent encore une autre lecture. Les enfants demandent souvent si les loups existent. Dans les croyances populaires, ils fascinent et terrifient. Evidemment qu’ils existent ! Mais, pour les rassurer on les laisse loin, très loin dans les forêts... Alors, j’ai juste décidé de rétrécir le loup pour le rendre moins inquiétant et de le faire entrer
dans nos maisons de façon amusante.

Comment t’est venue l’idée d’un loup dans un panier à salade ?

Assez simplement... J’avais envie d’écrire un texte loufoque, mais vraiment très loufoque pour changer. Je me suis installée à mon bureau et l’idée de ce dialogue entre la grand-mère et sa petite fille a surgi et je me suis régalée à poser rapidement le premier jet de ce texte. Quand mon fils est rentré de l’école, je le lui ai lu et il a tout de suite accroché. Les jours qui ont suivi, il ne cessait de reprendre le dialogue qu’il avait mémorisé comme une petite pièce de théâtre... Je me suis alors dit qu’il y avait quelque chose d’intéressant à creuser.

Pourquoi un panier à salade et pas une marmite par exemple ?

La marmite, c’est un classique. Alors que le panier à salade... Il se trouve que c’est également le nom que l’on donnait aux fourgons de police au XIXe Siècle qui transportait les prisonniers en les secouant copieusement. J’aime bien le parallèle avec l’essoreuse à salade. C’est une drôle d’idée de vouloir faire manger le loup en salade.

L’expression « avoir une faim de loup » t’a-t-elle inspirée ?

J’avoue... Pauvre bête ! Mais dans les histoires, on peut se laisser aller à raconter plein de bêtises, plein de belles choses ou plein de choses sensées... selon les jours. L’imagination réserve bien des surprises !
« Avoir une faim de loup », c’est une expression que j’aime beaucoup. Je l’ai placée à plusieurs reprises dans mon texte. Elle collait parfaitement à l’ambiance et donnait une petite note d’humour, suivant que ce soit le grand-père ou Maman louve qui la prononce.


Cette histoire parle autant aux petits qu’aux grands. Elle aborde des sujets aussi divers que la différence, l’amitié, les liens générationnels... Quel message as-tu voulu faire passer au juste ?

J’avais tout d’abord envie de dédramatiser la peur du loup. Ici, le loup est minuscule. On ne peut donc pas en avoir peur. On est même inquiet pour lui au début. On le trouve sympathique. On se rend aussi compte au fil de l’histoire que chez la famille loups c’est pareil, on raconte aux petits loups que les petites filles ne viennent pas dans les forêts. On préfère laisser très loin de chez nous ce que l’on ne connaît pas. C’est rassurant. Je ne sais pas si ça parle d’amitié, je dirai plus de malice. Il y a un lien entre le loup et la petite fille, c’est sûr, mais c’est à celui qui gagnera... Un genre de compétition entre eux, comme les enfants les aiment.
Ensuite oui, il y a ce lien intergénérationnel que j’évoque, celui de la petite fille et de ses grands-parents par exemple. La grand-mère qui tricote et cette conversation un peu décousue. On a toujours des milliers de questions à poser à ses aînés qui ont connu tant de choses et qui ont tant de choses à nous transmettre.

Est-ce plus difficile d’écrire pour un livre-CD que pour un album seul?

C’est la première fois que je travaille sur un livre CD. Je n’ai pas écrit différemment que pour un texte d’album mais il y avait ces dialogues croustillants à mettre en avant. Je me suis dit que le texte prendrait tout son sens s’il pouvait être conté. J’ai donc rapidement pensé à le proposer aux Éditions benjamins media avec qui j’avais envie de travailler depuis un petit moment. Le texte les a amusés mais il était encore perfectible. On en a discuté avec Rudy Martel, ce qui m’a amené à rajouter le passage du loup dans sa propre maison qui recevait la visite impromptue de la petite fille, comme un jeu de miroir avec le début de l’histoire. Après, c’est réellement benjamins media et les comédiens qui en ont fait un vrai livre CD avec tout le travail sonore autour de l’histoire. Les voix, les sons, les musiques... Je me suis juste laissée guider.

Es-tu gourmande ?

Je suis très gourmande ! Mais je n’ai encore jamais mangé de loup en salade... Que tous les petits loups qui écouteront l’histoire se rassurent!