photo Édouard MANCEAU

Édouard MANCEAU

Depuis qu’il est tout petit, Édouard Manceau aime une chose par-dessus tout : raconter des histoires quand il rencontre des enfants lors de ses nombreux voyages, ou bien encore à ses voisins, et aussi… dans des livres ! Sa première histoire publiée aux éditions benjamins media, intitulée Clic Clac, a été une belle découverte pour lui, celle de la mise en son de ses images. Les oreilles des petits lecteurs semblent y avoir trouvé beaucoup de plaisir. Une nouvelle aventure avec l’équipe de benjamins media lui a alors paru évidente avec Pompons.

Lors de ses pérégrinations, il a un jour fait une merveilleuse rencontre, celle avec Anwar Hussain, à Jaipur, au Rajasthan. Depuis, leur collaboration est fréquente et leur amitié indéfectible. Ils sont comme deux frères. Ce livre est un très bel aboutissement pour eux et la promesse de pleins de beaux projets à venir.

Édouard Manceau, qui a obtenu en 2014 le prix Libbylit et en 2015 le prix Sorcières, continue à transmettre avec un grand plaisir la passion des livres aux enfants de maternelle et à tripatouiller les images et les mots pour faire éclore de nouvelles histoires…

http://edouardmanceau.blogspot.fr/

Entretien avec Édouard Manceau, mai 2015, à l'occassion de la parution de Pompons

Pompons, c’est à la fois un livre CD, un spectacle de danse pour les tout-petits, et encore en amont une résidence d’auteurs... Quelle est la genèse de tout ça?

La genèse de tout ça, c’est une proposition de résidence en pays de Haute-Mayenne. Un projet piloté par le pays de Haute-Mayenne, le salon du livre Croq’les mots, marmot ! et une super équipe de programmateurs très motivés. Le projet consistait à la création d’un spectacle et d’un livre qui y soit lié... Tout ça dans l’univers de "Merci le vent" un album paru chez Milan il y a déjà trois ans. Ainsi est née la volonté de faire ce spectacle de danse pour les tout-petits...avec mon ami Anwar Hussain, musicien gitan du Rajasthan rencontré en 2007 lors d’un voyage et devenu mon frère d’adoption. Et avec Carré Blanc, compagnie de danse du Sud-Ouest.


Tu vois Pompons comme une «partition perforée d’un orgue de barbarie», pourquoi ?

C’est exactement ça, un rond correspond à une note. L’idée est de mettre une image sur les sons pour les personnaliser. J’aime cette idée de créer du lien entre les matières. La musique est liée à la géométrie comme les mathématiques sont liées à la littérature. Trop souvent, on isole trop les matières les unes des autres. Avec les petits de maternelle, on peut encore faire du lien entre les disciplines. C’est le cas dans Pompons.
Monter, descendre, les répétitions, la ligne, les vagues, les couleurs. C’est un livre autant sur le graphisme que sur la musique.


Livre d’éveil musical, Pompons est aussi, mine de rien, un livre sur les formes, sur les nombres et sur les couleurs !

Oui mais je ne l’avais pas conçu comme ça au départ. Tant mieux ! Ceci étant c’est exactement ça, c’est un livre très géométrique. Je préfère ça mille fois que par exemple humaniser des instruments.

C’est la deuxième fois que tu travailles avec le musicien Anwar Hussain sur l’édition d’un livre CD. Comment ça s’est passé ? les différences ? les similitudes ?

Anwar est comme un frère pour moi. Travailler avec lui est une évidence. C’est basé sur une confiance réciproque et ça se passe toujours très bien. Nous avons travaillé plus de deux fois ensemble. Nous avons fait des petits spectacles de conte ensemble, et dès que nous nous voyons il y a de l’émulation. Pour ce projet, j’ai amené la règle du jeu et il est entré dedans tout de suite. Les chansons sont nées pendant la résidence et coulent d’évidence pour moi...

Tu avais déjà imaginé Clic Clac pour les éditions benjamins media. Dirais-tu, comme nous, que Pompons est encore plus conceptuel, mais tout aussi simple d’usage, que Clic Clac?

C’est un plaisir d’avoir fait ce deuxième livre avec BM. Je ne sais pas si le terme de conceptuel correspond bien, mais en tout cas, comme Clic-Clac , ce livre n’est pas banal... Mais comme Clic-clac, la lecture est très simple quand on a compris le système. Je crois que les livres pour les tout-petits sont bien souvent trop compliqués et difficiles à lire. Il faut toujours aller au plus simple à mon avis. Finalement Pompons,
c’est simple. Un rond, un son. Un son qui monte, un rond qui monte...

Dans les deux cas, et dans ton travail plus largement, il y a l’idée du voyage et de la découverte. Est-ce la clef pour se faire comprendre des tout-petits lecteurs?

C’est souvent un chemin initiatique pour comprendre effectivement. Les petits sont toujours en mouvement, physiquement mais aussi intellectuellement car ils sont en permanente évolution. Mon propos pour faire comprendre les choses aux tout-petits est lié aussi au fait de toujours les surprendre.Je veux aussi qu’il y ait toujours de la place pour eux dans mes livres. Par exemple, Pompons se passe dans un endroit non défini. Juste ce fond noir. Pour moi, ne pas mettre de décor, c’est mettre mille décors, car chaque enfant peut imaginer le sien...